Perroquets et autres psittacidés

Les gris du Gabon (Psittacus erithacus) sont les perroquets les plus populaires dans le monde. Leur qualité réside en une intelligence remarquable alliée à des talents de vocalisation indéniables. Ce sont des perroquets exigeants demandant une stimulation intellectuelle permanente. Originaire d'Afrique, ils sont aujourd'hui couramment élevés en captivité et doivent être obligatoirement identifiés (par puce électronique ou bague). L'espèce étant classé CITES I, elle est soumise à une déclaration de détention. Les gris du Gabon sont extrêmement sensibles aux carences nutritionnelles (notamment s'ils reçoivent un régime à base de mélange de graines) qui les prédisposent entre autre à l'aspergillose et au picage comportemental. On trouve occasionnellement leur cousin, le perroquet gris de Timneh (Psittacus timneh) qui a une robe similaire mais qui est beaucoup plus petit et présente un bec plus clair (beige).

Les inséparables sont des petits perroquets africains très familiers et très populaires. Les inséparables regroupent en réalité 9 espèces différentes, dont les plus courantes sont les inséparables à gorge rouge (Agapornis roseicollis), les inséparables masqués (Agapornis personata) et les inséparables de Fisher (Agapornis fischeri). Contrairement à ce que leur nom laisse à penser, ils peuvent tout à fait vivre seul, même si leur comportement grégaire doit inciter les propriétaires à les maintenir en groupe. Leur reproduction est facile et de multiples variétés de couleurs existent. Ils sont très sensibles aux rétentions d'oeuf et à la maladie du bec et des plumes (PBFD).

On retrouve plusieurs espèces de perroquets sud-américains en tant qu'oiseaux de compagnie. Les plus spectaculaires sont probablement les Aras qui regroupent une dizaine d'espèce de psittacidés parmi les plus grands de la famille. On retrouve classiquement les Aras chloroptères (Ara chloroptera), Ara ararauna, Aras militaires (Ara militaris) ou Aras Hyacinthe (Anadorhynchus hyacinthinus). Leur bec imposant leur sert à creuser le bois et briser les noix dont ils sont friands. Ils nécessitent une stimulation intellectuelle constante, beaucoup d'espace et des éléments en bois qu'ils pourront détruire à loisir. Ils ont également besoin d'un apport abondant de fruits frais pour combler leurs besoins importants en vitamines. Ils sont très sensibles aux affections respiratoires et aux déformations du bec.

Les amazones regroupent environ 80 espèces différentes dont les plus courantes rappellent les couleurs primaires : Amazone à front bleu (Amazona aestiva), Amazone à front rouge (Amazona autumnalis) ou Amazone à front jaune (Amazona auropalliata). Les amazones sont principalement frugivores-florivores et sont prédisposés à l'obésité avec un régime riche en graines. L'obésité en elle-même est très problématique et favorise le développement de pathologies hépatites, de dermatites et de maladies cardio-vasculaires. Par ailleurs, les amazones sont très sensibles à l'aspergillose tout comme la plupart des grands perroquets.

Les conures forment un groupe d'oiseaux très divers qui gagne en popularité depuis quelques années. Il comprend notamment les conures à joues vertes (Pyrrhura molinae), les conures soleil (Aratinga solstitialis) et les perruches souris (Myopsitta monachus).

La plupart des psittacidés sud-américains sont très sensibles à la chlamydiose.

La perruche ondulée (Melopsittacus undulatus) est incontestablement le psittacidés le plus répandu dans le monde. Elevées avec succès, elles ont évoluées rapidement parmi les amateurs d'oiseaux. Ce sont des oiseaux très familiers, colorés et affectueux. A la manière des grands perroquets, les perruches peuvent être très apprivoisées et éduquées pour sortir et jouer en extérieur. Malheureusement, les perruches sont souvent maintenues en cage stricte, ce qui les prédispose à l'obésité, aux tumeurs graisseuses (lipomes) et aux troubles digestifs comme la mégabactériose causée par Macrorhabdus ornithogaster.

Elles sont également très sensibles aux maladies virales dont la maladie du bec et des plumes (PBFD) et la polyomavirose.

Les cacatoès et calopsittes sont originaires d'Australie. Ce sont des oiseaux très familiers et très affectueux, mais qui sont également capables de vocalisations puissantes et élaborées. La perruche calopsitte (Nymphicus hollandicus) est l'une des perruches les plus populaires tant elle est facile à apprivoiser et à élever. Elle se reproduit très bien et a tendance à faire beaucoup de rétention d'oeuf. Par ailleurs, elle est aussi fréquemment porteuse de chlamydiose.

Les cacatoès sont des perroquets excessivement affectueux et fusionnels avec leur propriétaire. On retrouve parmi les espèces les plus courantes, le Cacatoès blanc (Cacatua alba), le Cacatoès à huppe jaune (Cacatua sulphurea) et le Cacatoès rosalbin (Eolophus roseicapilla). Ils sont très sensibles au picage mais aussi au prolapsus du cloaque qui doit être traité en urgence. Les cacatoès rosalbins sont également très sensibles aux lipomes et à l'obésité.

Certaines espèces (dont le gris du Gabon) font l'objet de certaines obligations légales pour leur détention en captivité :

- Il est obligatoire d'avoir un oiseau bagué ou à défaut de le faire pucer électroniquement

- Certaines espèces doivent être enregistrées dans le registre national i-fap.
- Il est nécessaire de faire une demande d'autorisation de détention (Cerfa 12447*01) à renvoyer dûment remplie à la DDPP de votre département

- Il est nécessaire de tenir un registre des entrées et sorties d'animaux d'espèces non domestiques dans un élevage d'agrément (Cerfa 12448*01) à conserver.

Le milieu de vie d'un perroquet peut être divisé en trois secteurs :

- un dortoir : cela peut être une cage ou une volière où le perroquet va se reposer la nuit. Cette cage n'a pas besoin d'être très grande mais elle doit être située dans un endroit au calme où il sera facile d'installer l'obscurité. En effet les perroquets ont besoin de 12h de sommeil dans l'obscurité.

La cage doit être considérée uniquement comme un lieu de repos (dortoir). Le perroquet a besoin de vivre au maximum en dehors de sa cage. Cela peut passer par l'aménagement d'une pièce dédiée ou l'oiseau peut également évoluer librement dans la maison sous surveillance. Il est important de faire attention à tous les objets métalliques ou les plantes toxiques pour le perroquet et il faut éviter tout ce qui peut blesser l'oiseau (ventilateur, plaques chauffantes, colle,...).

- une aire de nourrissage: dans cette zone, les aliments seront éparpillés et systématiquement cachés dans des boites, des légumes ou au sol.

Dans tous les cas, il est nécessaire d'éviter de nourrir un oiseau dans la cuisine car les vapeurs de cuisson et en particulier les vapeur de Téflon sont mortelles pour les oiseaux. 

- une aire de jeu : cette aire de jeu est située préférentiellement hors de la cage, mais peut se trouver dans la volière si celle-ci est assez grande. Un jeu de branches et de cordes est généralement apprécié. Idéalement, le perroquet devrait pouvoir voler dans cet espace. Si le perroquet est dressé au rappel, il peut évoluer librement en extérieur, accompagné de son propriétaire.

L' accès en extérieur permet l'exposition aux UV, importants pour la qualité du plumage et l'assimilation du calcium.

Les jeux sont indispensables pour maintenir l'équilibre psychologique du perroquet. Il faut éviter de présenter de multiples jeux en même temps et privilégier l'accès à 2 ou 3 jeux et les changer quotidiennement.

On distingue 4 types de jeux:

1) Des jeux de destruction : papier, carton, emballage, bois naturel, branches, caisse de vin,...

2) Des jeux de recherche : boites en cartons, légumes et fruits truffés de graines, une caisse remplie de litière végétale pour creuser et rechercher des friandises, ...

3) Des jeux de balanciers : des cordes, des clochettes, des chaines, ...

4) Des jeux ludiques ou éducatifs : roulettes, jouets de récompense, jeux à loquets, mécanismes à comprendre, ...

Il est bien établi que la nutrition rationnelle des psittacidés n'est pas adéquate avec un régime à base de graines (malheureusement très répandu dans les habitudes alimentaires). Il est notable que ce constat avait déja été fait en industrie avicole avec une transition des graines vers des extrudés pour une optimisation de l'alimentation entrainant une quasi-disparition des pathologies nutritionnelles. L' apport de fruits est essentiel pour diminuer la prise alimentaire.

Chez les psittacidés, toute la difficulté consiste à réussir la transition des graines vers un régime d'extrudés. Plusieurs techniques sont possibles :

- Montrer l'exemple: manger soi-même les granulés devant son perroquet ou montrer un perroquet déjà converti aux granulés

- Laisser les graines pendant 20 minutes le matin, ne laisser que les granulés toute la journée et remettre les graines 20 minutes le soir

- Moudre les graines et les granulés ensemble, puis augmenter la proportion de granulés. Cette stratégie a été démontrée comme efficace chez les calopsittes, avec un changement alimentaire de 100% des individus en 12 jours.

La transition peut prendre plusieurs mois et il ne faut pas relâcher ses efforts entretemps.

Un aliment complet, à base d'extrudés et de graines, est disponible depuis peu en France et dispose d'une excellente appétence (Nutriberries™). Il constitue un aliment complet en soi ou un outil de transition intéressant vers des granulés.

Dans tous les cas, il faut proscrire la distribution quotidienne de graines de tournesol et de cacahuètes. Si on souhaite distribuer des graines, il est possible de donner des graines de millets ou d'avoine par exemple. On peut également les faire germer dans des conditions d'hygiène strictes.

Des fruits et légumes variés sont nécessaires tous les jours (5 fruits et légumes par jour !). L'avocat est l'un des seuls fruits toxiques pour les perroquets. Par ailleurs, la plupart des fruits comestibles pour les humains le sont également pour les perroquets. Les fruits et légumes riches en vitamine A sont à privilégier (carotte, patate douce cuite, potiron, épinard, choux, betterave, courge, melon, poivron,...).

Pour éviter le gaspillage, les fruits et légumes pour perroquets peuvent être présentés sur un pic à brochette et suspendu. Cela permettra au perroquet de se servir sur la brochette et de ne pas jeter les aliments au sol.

Il est possible de distribuer une ration alimentaire avec une part de féculents (riz, semoule, quinoa), des légumes (carottes, brocolis, haricots, etc...) et des fruits (pommes, poires, clémentines, fruits exotiques, etc...)

La quantité de nourriture à distribuer est d'environ 20 à 40 g par jour.

Ne jamais laisser les graines, les granulés, les légumes et fruits à disposition dans une gamelle mais stimuler la recherche de nourriture:

- Disperser la nourriture dans 4 endroits différents (au moins)

- Enfermer des graines/granulés dans des ballotins de cartons, des boules de papiers, des papillotes de papier, des tubes en carton, ...

- Intercaler des graines/granulés à l'intérieur de fruits (pomme...) ou de légumes (artichaut, endive, courgette...)

- Utiliser une brochette métallique (exemple ici) pour suspendre les fruits/légumes ou utiliser une corde

- Mettre à disposition un bac en plastique rempli de litière de chanvre ou de papier dans lequel seront cachés quelques graines/granulés

- Mélanger des billes d'argile ou des billes en verre dans une gamelle avec les graines/granulés

Cela fait partie des exercices d'éducation. Cet entrainement peut être réalisé à travers les barreaux de la cage dans un premier temps et peuvent être adaptés à d'autres situations ou apprentissage.

1) Trouver un aliment qui servira de récompense (amande, noix de coco, pistache, voire une graine de tournesol blanche)

2) Montrer la récompense et la cacher dans la paume d'une main

3) Donner une commande vocale : "Touch" ou "Target" par exemple

4) Approcher une baguette en bois et lui faire toucher du bout du bec

5) Lorsque votre oiseau touche la baguette, émettez un signal sonore à l'aide d'un clicker (lien)

6) Si l’oiseau répond favorablement lui donner la récompense.

7) Recommencer. Faire des séries de 5 à 10 répétitions.

Stimuler votre oiseau à faire au moins 30 minutes d'exercice quotidien (vol/marche). Si c'est une très bonne chose qu'il soit en liberté, cela ne signifie pas qu'il est actif. Pour cela, installer des perchoirs et des jeux dans les pièces auxquelles il a accès et encouragez-le à utiliser tout ce que vous aurez mis en place.

Le picage correspond à un tableau clinique qui peut découler de nombreuses causes (hormonale, environnementales, alimentaires, médicales, comportementales,...) et qui est souvent multifactoriel. Afin de pouvoir agir sur ce problème, la prise en charge classique est d'exclure un grand nombre de causes médicales à l'aide d'examens complémentaires (dépistage des maladies aviaires classiques, radiographies, prise de sang) tout en ajustant les paramètres environnementaux et alimentaires. Cette étape est nécessaire car si on réalise une thérapie comportementale sur un perroquet qui souffre d'une maladie hormonale par exemple, non seulement, le picage ne va pas se résoudre, mais la maladie va continuer de s'aggraver.

Une fois les cause courantes de maladie écartées, une évaluation comportementale est recommandée. Pendant cette évaluation, toutes les conditions de vie sont revues et la psychologie du perroquet est abordée. Le picage est très fréquent chez certaines espèces de perroquets : le gris du gabon, les cacatoès ou encore les eclectus par exemple.

L'aspergillose est une maladie non contagieuse des oiseaux qui se manifeste principalement par des difficultés respiratoires, de la fatigue et de la perte de poids. C'est un champignon ubiquiste (que l'on retrouve notamment dans les graines) qui se développe de façon favorable en cas d'immunosuppression aiguë ou chronique. Le traitement est généralement long, difficile et coûteux. Des soins de supports, une intervention chirurgicale et la supplémentation en oxygène en urgence est impérative dans certains cas.

La chlamydiose aviaire, lorsqu’elle se déclare chez l’oiseau, provoque des signes digestifs (diarrhées) et respiratoires ainsi qu’une dégradation de l’état général. La bactérie est présente dans les fientes de l’oiseau, la poudre de plume et les poussières. Elle est transmise par voie orale et par inhalation de ces poussières, par contact avec l’oiseau ou par les objets souillés par des fientes. C'est une zoonose. Chez l’homme, elle cause une maladie pulmonaire atypique révélée par un syndrome pseudo-grippal le plus souvent avec de la fièvre (39-40°C), des frissons, des céphalées intenses, des myalgies, une toux sèche et une conjonctivite. Cette maladie peut être dangereuse pour les enfants, les personnes âgées, les personnes enceintes ou immuno-déprimées. 

La rétention d'oeuf ou le mal de ponte chez le perroquet est un problème courant. Certains perroquets (calopsittes, inséparables, perruches ondulées, gris du Gabon) font des pontes régulières et parfois trop importantes.

Les dystocies peuvent être expliquées par exemple par une sur-prolificité, des anomalies de conformation de l'oeuf, des carences vitaminiques ou minérales. La précocité sexuelle peut être également un facteur favorisant.

On peut observer une inflammation du tractus reproducteur voire un prolapsus (descente d'organe) ou une distension abdominale.  

Plusieurs actions sont nécessaires, parfois en urgence pour débloquer l'oeuf puis par la suite des mesures environnementales et médicales doivent être discutées pour limiter les risques de récidive.